Je tiens à exprimer ma peine suite à la disparition de M. Aimé Césaire, l'un des chantres de la négritude. Comme Léopold Sédar Senghor, Aimé Césaire a rendu aux hommes dits de couleur la fierté d'être nègres. Ce mot je le connais par coeur. Il vient de la langue de mes ancêtres portuguais : negro qui veut tout simplement dire noir. D'autres hommes l'ont transformé pour lui donner un sens monstrueux, inaudible, insoutenable.
Toute la grandeur d'Aimé Césaire réside dans sa faculté à rendre à ce mot et aux hommes qui l'ont subi une dignité, une magie... une beauté.
Nègre et beau. Nègre et pleinement homme. Nègre et pleinement égal, semblable à l'homme blanc, à l'autre. Nègre et libre, affranchi du joug de tous les esclavages. Nègre et fier, fier de cette Afrique toujours inconnue des blancs, insaississable, mystérieuse. Nègre et exilé de la mère Afrique aux quatres coins des Amériques. Nègre et sang mêlé avec le blanc, l'indien. Nègre et maître de la musique, de la vie, du poème. Nègre et tirailleur qui combat pour notre liberté. Nègre et frère de terrain qui joue avec nous.
Merci M. Césaire d'avoir rendu à mes frères antillais, afro-américains, africains la fierté d'être ce qu'ils sont et que Dieu soit loué de nous en avoir envoyé autant dans ce club pour bâtir une famille d'hommes libres et fiers de partager et de s'enrichir de leurs différences.
Enfin je vous livre une des ses lumineuses réflexions sur l'Homme et son destin :
«C’est quoi une vie d’homme ? C’est le combat de l’ombre et de la lumière… C’est une lutte entre l’espoir et le désespoir, entre la lucidité et la ferveur… Je suis du côté de l’espérance, mais d’une espérance conquise, lucide, hors de toute naïveté.»